« La Voie que l'on peut nommer n'est pas la Voie »

(Tao Te King)

Le Zen est la continuation du Chan chinois au Japon. On peut distinguer 4 types de Zen :

 

- Le Zen institutionnel des grands temples japonais qui est devenu un dogme élitiste et rigide à l'instar de leur compréhension du Zazen,

 

 - Le Zen "Bushi" ou Zen "Samouraï" qui était une critique du Zen institutionnel au 17ème siècle au Japon et qui a développé une ouverture originale et moderne vers les laïcs, la vie ordinaire et la méditation en mouvement,

 

- Le Zen déformé et perverti par la génération Beatnik et Hippie,

 

- Le Zen véritable et universel, débarrassé de toutes ses attaches historiques et culturelles.

 

Du Zen véritable et universel :

 

Ici, se révèle un Zen qui transcende toutes les frontières culturelles et peut s'adapter aux besoins individuels contemporains car par nature l'essence du Zen n'appartient à aucune culture, à aucune philosophie. On y retrouve d'ailleurs parfaitement l'esprit du Chan du Hong-tcheou et en particulier Maître Fa Yan (885-958) que l'on retrouve dans le livre "Zen liberté intérieure" de Thomas Cleary et qui affirme dès le IXème siècle :

"Le but du Zen est de permettre à l'être humain de transcender l'ordinaire et le sacré, de s'éveiller par lui-même et de couper pour toujours la racine du doute. Ceux qui méprisent cette conception sont nombreux. Ils ont beau se joindre à des groupes zen, ils sont paresseux dans leur étude du Zen. Même s'ils parviennent à la concentration, ils ne choisissent pas de bons maîtres. A travers les erreurs de ces faux maîtres, ils perdent la Voie. Sans comprendre le sens des textes ni les sujets, dès qu'ils sont en possession de quelque fausse interprétation, ils en sont obsédés et perdent complètement le contact avec la base correcte. Ils ne sont intéressés que dans le fait de devenir des meneurs et d'être connus en tant que maîtres. Tant qu'ils accordent de l'importance à ces vanités mondaines, ils s'en rendent malades. Et non seulement, ils font de leurs successeurs des aveugles et des sourds mais en plus, ils concourent à la dégénérescence du Zen."

 

"Dans le Zen, aucun prédicat ne stipule qu'il existe une doctrine de base à transmettre. Il ne s'agit que de guider directement l'adepte jusqu'à l'esprit humain, jusqu'à la perception de son essence, jusqu'à l'accomplissement de l'Eveil. Quelles valeurs pourrait-on accorder aux différences de styles qu'affichent des sectes variées ? Dans les manières d'enseigner des anciens maîtres, les différences tenaient à la fois de la tradition et de changements circonstanciels. Certaines méthodes utilisées par de célèbres maîtres ont connu une continuité justifiée par la tradition, à tel point que les héritiers devenus sectaires ont perdu le contact avec la réalité d'origine. Parfois même, ils établirent des disgressions et furent en désaccord les uns avec les autres. Ils ne furent pas capables de distinguer le profond du superficiel car ils ne savaient pas que la Grande Voie n'a pas de rives et que les fleuves de vérité ont tous la même saveur."

 

"Si l'on tient à mémoriser des formules, on sera incapable de choisir la subtile adaptation que requiert la situation qui se présente. Ce n'est pas qu'il n'existe pas de moyen pour enseigner la vision intérieure à ceux qui veulent apprendre mais une fois que l'on a appris le moyen, il faut le laisser fonctionner jusqu'au bout. Si l'on reste attaché à l'école, au maître et aux formules, il n'y aura pas Eveil mais seulement connaissance intellectuelle. C'est pourquoi l'on dit : quand votre perception n'est qu'à l'égal de celle de votre maître (quand vous parlez), vous diminuez de moitié la puissance de votre maître. Quand votre perception est au-delà de celle de votre maître, alors seulement, vous pouvez exprimer l'enseignement reçu de votre maître. Le sixième Patriarche du Zen a dit à quelqu'un qui venait juste de connaître l'Eveil : Ce que je vous dis n'est pas un secret. Le secret est en vous. Un autre maître s'est adressé en ces termes : Tout jaillit uniquement de votre coeur."