Prendre appui sur les mots,
30 coups de bâton.
Prendre appui sur la méditation,
30 coups de bâton.
Prendre appui sur le vide,
10 000 coups de bâton.
- Quelle méthode pratiquer pour obtenir la délivrance ?
- On ne peut l'atteindre que par l'illumination subite.
- Qu'est ce que l'illumination subite ?
- Subite signifie se débarrasser instantanément de toute pensée (illusoire). L'illumination est la réalisation que l'illumination n'est pas quelque chose qui puisse être atteint.
- Quel est le point de départ de la méthode ?
- Il faut partir de la base.
- Que signifie partir de la base ?
- La pensée est la base.
- Comment le sait-on ?
- Le Lankavatdra Soûtra dit : "sitôt que le processus mental apparaît, des phénomènes de toute nature s'élèvent dans notre conscience. Sitôt que le processus mental cesse, les phénomènes de toute nature sont annihilés." Le Vamilakirti Soûtra dit : "ceux qui désirent parvenir au Pays de la Pureté doivent d'abord purifier leur pensée. Car cette purification constitue la pureté du Pays de Bouddha." Un autre Soûtra proclame : "Dès que la pensée est maîtrisée, il n'est rien qui ne puisse s'accomplir". Un autre Soûtra affirme encore : "Les sages cherchent par leur propre pensée et non par le Bouddha. Les insensés cherchent par le Bouddha et non par leur propre pensée. Les sagent éduquent leur pensée plutôt qu'ils ne nourrissent leur personne. Les insensés nourissent leur personne plutôt qu'ils n'éduquent leur pensée." Il est encore un Soûtra qui dit : "Le Mal naît de la pensée et c'est par la pensée qu'il peut être supprimé." Ainsi le Bien et le Mal prennent leur source dans notre pensée. C'est donc bien la pensée qui constitue la base. Si l'on cherche la délivrance, vous devez d'abord connaître la base. Si l'on méconnait cette vérité, tout effort sera vain. Chercher dans les formes extérieures ne conduit pas au point de départ. Un Soûtra déclare à ce sujet : "Aussi longtemps que vous dirigez votre recherche dans la direction des formes qui vous entourent, vous n'atteindrez jamais le but, même si vous vous y efforciez durant des éons. C'est en pénétrant le fond même de votre esprit que vous pourrez atteindre à la nature de Bouddha dans un éclair de pensée."
- De quelle manière mettre en pratique la base ?
- Uniquement par la méditation (Tch'an). Un Soûtra dit ! " La méditation est essentielle à la recherche de la connaissance sacrée de Bouddha. Sans elle, notre pensée demeure tumultueuse et ne peut que nuire au racines mêmes du Bien."
- Que faut-il entendre par méditation ?
- Quand le flux des pensées s'arrête, il y a méditation. Si vous demeurez immobile dans le contemplation de votre nature réelle, vous êtes en samâdhi , car en fait voutre nature originelle est l'Esprit éternel. Par le samâdhi voutre pensée se retire des choses qui vous entourent; les huit vents ne sauraient l'émouvoir, c'est à dire, le profit, la perte, la calomnie, la louange, la flatterie, la moquerie, la tristesse et la joie. Si vous parvenez à vous concentrer de cette manière, si médiocre que vous soyez, vous entrerez dans la bouddhéité. Comment cela se peut-il ? Un Soûtra dit : "Les êtres qui observent les préceptes du Bouddha entreront dans l'état du Bouddha." Ceux qui y parviennent sont libérés; ils ont gagné l'autre rive, ayant franchi les six états des êtres mortels et dépassé le triple monde. Ils deviennent alors des Bodhisattva de grand pouvoir, de véritables conquérants.
*
- Où la pensée devrait-elle demeurer ?
- Elle devrait s'établir au lieu de la non-demeure et s'y fixer.
- Que faut-il entendre par la non-demeure ?
- Cela signifie que la pensée ne devrait s'établir en quelque lieu que ce soit.
- Quelle est la signification de tout cela ?
- Ne pas demeurer dans le bien dans le mal, dans l'existence, dans la non-existence, dans le monde intérieur ou dans le monde extérieur ou en des lieux situés entre les deux; dans le vide ou le non-vide, dans la concentration ou dans la dispersion. Ne s'attacher à rien est l'état dans lequel elle devrait demeurer. Ceux qui atteignent cet état sont appelés "esprits sans demeure" - en d'autres mots ils sont identiques à l'esprit de Bouddha.
- A quoi tout cela ressemble-t-il ?
- L'esprit n'a pas de couleur, telle que le vert ou le jaune, le rouge ou le blanc; il n'est ni long ni court; il ne disparaît ni n'apparaît; il est tout aussi détaché de la pureté que de l'impureté et il demeure dans l'éternité. Il est complète tranquillisation. Telle est la forme de notre esprit originel, qui est également la forme du corps du Bouddha.
- De quelle façon ce corps ou esprit du Bouddha peut-il être perçu ? Peut-on le percevoir avec les yeux, les oreilles, le nez, le toucher et la conscience ?
- Ils peuvent être perçus mais non par ces moyens de perception.
- Puisque ces moyens son inopérants, de quelle façon peuvent-ils être perçus ?
- Uniquement par une perception de votre nature réelle. Pourquoi ? C'est parce que votre nature profonde est essentiellement pure, complètement vide et tranquille. Sa "substance" immatérielle et immobile est seule capable de cette perception.
- Mais si cette pure "substance" ne peut être découverte, d'où une telle perception peut-elle jaillir ?
- Nous pouvons la comparer à un miroir lumineux, où toute forme est visible bien qu'il n'en contienne aucune. Pourquoi ? Parce que le miroir est dépourvu d'activité mentale. SI les disciples engagés sur la voie sont sans souillure, aucune erreur ne s'élèvera dans leur esprit et ils ne s'attacheront ni à l'ego ni aux objets extérieurs qui disparaîtront, alors la pureté s'élèvera d'elle-même et les rendra capables d'arriver à cette perception. Le Dharmapâda Soûtra dit : "En un éclair pénétrer dans le vide ultime, voilà la sagesse !"
- Suivant le Nirvâna Soûtra, la nature de diamant des êtres ne peut se percevoir et cependant elle perçoit clairement. Cette vision dernière ne contient rien à inclure et rien à exclure. Comment cela est-il possible ?
- Votre nature réelle est une "substance" sans forme, intangible. Aussi est-elle au delà de toute perception. Néanmoins bien qu'elle soit intangible, elle demeure profondément calme; elle ne va ni ne vient; elle n'est pas distincte du monde, mais ne se meut pas davantage en lui. Existant par elle-même et souveraine, elle repose dans la paix de son être propre. Voilà la raison pour laquelle elle ne peut être clairement perçue. Par sa nature propre, elle est à la fois sans forme et fondamentalement indifférenciée. Comprenant toutes choses en elle, elle permet au tout indivisible des myriades de transformations, aussi innombrables que les grains de sable du Gange. Si vous pouviez les distinguer tous simultanément, votre savoir serait sans limite. Un gâthâ dit :
Prajna, bien qu'inconnaissance, saisit tout;
Prajna, quoique privée de vision, voit tout.
- Un Soûtra dit : "Ne pas percevoir les choses comme existantes ou non existantes, c'est obtenir la délivrance." Qu'est ce que cela signifie ?
- Quand la pensée atteint à l'état de parfaite pureté, on peut dire que quelque chose existe. Lorsque cela se produit, vous vous libérez de toute pensée et on peut dire alors que vous ne percevez pas l'existence. Atteindre l'état où les pensées ne s'élèvent plus ni ne persistent, sans être cependant conscient de leur absence, voilà ce qui est ne pas percevoir la non existence. Aussi est-il écrit : "Ne rien percevoir en termes d'existence et de non-existence", etc. Et le Soûtra ajoute : "Les perceptions utilisées pour construire des concepts positifs sont à l'origine de l'ignorance (Avidya). La perception qu'il n'y a rien à percevoir, voilà le nirvâna appelé aussi la délivrance."
- Que signifie : rien à percevoir ?
- Considérer des personnes du sexe opposé et d'une manière générale tout ce qui tombe sous les sens, sans éprouver de désir ni de répulsion, en fait comme si on ne les voyait pas, équivaut à une absence de perception.
- Quand nous sommes confrontés avec les phénomènes, cela s'appelle une perception. Peut-on encore parler de perception lorsque nous ne sommes plus en présence d'aucun phénomène ?
- Oui.
- Lorsque quelque chose se présente à nous, on peut dire qu'il y a perception. Mais comment peut-il y avoir perception sans cette confrontation ?
- Nous parlons en fait d'une perception qui est indépendante de tout objet. Comment cela se peut-il ? La nature de la perception étant éternelle, nous continuons à percevoir, que les objets soient ou non présents. En conséquence, ce sont les objets eux-mêmes qui vont et viennent, ce n'est pas notre faculté de percevoir qui apparaît et disparaît. Il en est de même de nos autres sens.
- Lorsque nous regardons quelque chose, celle-ci existe-t-elle objectivement ou non dans la sphère de notre perception ?
- Non.
- Quand nous regardons autour de nous et que nous ne voyons (percevons) aucun objet, cette absence d'objets a-t-elle une existence objective dans la sphère de la perception ?
- Non.
- Quand un son est émis, il y a audition de ce son. Quand il n'y a pas de son émis, y a-t-il aussi audition ?
- Oui.
- Quand il y a émission de son, nous entendons quelque chose. Comment peut-il y avoir audition en l'absence de tout son ?
- Nous parlons ici d'une audition qui est indépendante, qu'un son soit émis ou non. Comment cela se peut-il ? La faculté d'entendre est éternelle. Aussi il y a audition, qu'un son soit émis ou non.
- S'il en est ainsi, qui ou quoi entendre ?
- C'est votre nature propre (réelle, profonde), c'est à dire le connaisseur intérieur qui connaît.