« La Voie que l'on peut nommer n'est pas la Voie »

(Tao Te King)

Bodhidharma. Le premier patriarche du Zen

09/02/2023

Bodhidharma. Le premier patriarche du Zen

Cet article reprend des extraits du livre « L’expérience du Zen – L’évolution historique du Chan et du Zen à travers les vies et les enseignements de ses plus grands maîtres » de Thomas Hoover que nous vous recommandons d’acquérir pour des développements plus large que ce simple extrait.

Une légende raconte qu’un moine indien barbu du nom de Bodhidharma (470-532), fils d’un roi brahmane de l’Inde méridionale, apparut un jour à Canton, la cité portuaire du sud de la Chine, aux environs de l’an 520 de notre ère. De là, il se dirigea vers le nord-est jusqu’à Nankin, près de l’embouchure du fleuve Yangzi, afin de répondre à l’invitation du plus fervent des bouddhistes de Chine, l’empereur Wu, de la dynastie des Liang. Après un entretien célèbre au cours duquel son irrévérence jeta l’empereur dans la consternation, Bodhidharma se hâta de rejoindre les centres bouddhiques du Nord, et s’installa finalement dans le monastère de Shaolin, sur le mont Song, où il resta pendant neuf années en méditation, les yeux fixés sur un mur. Il transmit ensuite ses réflexions ainsi qu’une copie du sutra Lankavatara à un successeur, puis disparut. Il légua à la Chine sa dévotion pour la méditation et pour le sutra que nous avons évoqué plus haut. Plus tard, on lui rendit hommage en tant que père de la dhyana chinoise, ou « méditation », école du bouddhisme appelée Chan.


Bodhidharma attira peu l’attention pendant les années qu’il passa en Chine et la première allusion à sa vie est une brève note dans une chronique compilée une centaine d’année plus tard, l’identifiant simplement comme un praticien de la méditation. Cependant les récits ultérieurs sur sa vie furent de plus en plus embellis, au fur et à mesure qu’il était élevé au rang de premier patriarche du Chan chinois. On élabora sa vie de manière à remplir en tout point les besoins d’une légende, et on l’enveloppa peu à peu d’anecdotes symboliques qui, mieux que le fait banal, illustraient somptueusement la vérité. […]


La Chine au temps de l’arrivée de Bodhidharma était un territoire politiquement divisé, où la nouvelle foi du bouddhisme tenait souvent lieu de dénominateur commun spirituel. Bodhidharma apparut précisément au moment où, dans le Nord-Ouest, l’empereur Wu (et qui régna de 502 à 549) était devenu un bouddhiste fanatique. Peu après avoir pris le pouvoir, Wu ordonna de fait à tous les membres de la maison impériale et à tous ceux qui avaient un accès à la cour d’adopter le bouddhisme et d’abandonner le taoïsme. Les moines bouddhistes devinrent conseillers à la cour et ouvrirent les coffres impériaux pour y puiser de quoi construire de nombreux temples somptueux qui sont devenus très célèbres. […]

 

L’empereur était connu pour l’hospitalité qu’il dispensait aux moines indiens qui lui rendaient visite et il est tout à fait plausible qu’il ait invité Bodhidharma à une audience. Selon la légende, l’empereur Wu commença presqu’immédiatement à infliger au dignitaire en visite une liste de toutes les actions qui prouvaient sa foi, énumérant les temples construits, le clergé investi, les sutra promulgués. La liste était longue, mais il finit par faire une pause, troublé sans doute par l’indifférence de son invité. Dans l’espoir de susciter une réaction, il demanda : « Etant donné tout ce que j’ai fait, que pensez-vous que puisse être mon mérite ? » Bodhidharma fronça les sourcils : « Il n’y a pas là le moindre mérite, Sire. » Cette réponse frappa l’empereur de stupeur, mais il s’empressa d’essayer une autre question banale : « Quel est le principe le plus important du Bouddhisme ? » On raconte que Bodhidharma répondit à cela d’un abrupt : « Vaste Vide ». L’empereur fut tout aussi déconcerté par cette réponse et ne sachant plus que penser, il s’enquit finalement de l’identité exacte du visiteur barbu qui se tenait devant lui. Bodhidharma admit de bonne grâce qu’il n’en avait pas la moindre idée. L’entretien se termina aussi brusquement qu’il avait commencé. Bodhidharma s’excusa et prit rapidement congé. Le premier miracle qu’on lui prête fut de traverser le Yanzi aux abords du Nankin sur un roseau, puis il se dirigea vers le Nord.


C’est en Chine du Nord près de la cité de Luoyang que la légende retrouve Bodhidharma. Les versions diffèrent quelque peu, mais les plus vivaces associent son nom au fameux monastère de Shaolin, sur le mont Song. Là nous dit-on, il médita pendant neuf années face à un mur (inventant de cette façon la « contemplation du mur ») jusqu’à ce que, rapporte une version pieuse, ses jambes finissent par se détacher. A un moment, relate une autre version zen, il se surprit à somnoler et dans un accès de rage s’arracha les paupières, les jeta par terre avec mépris ; à l’endroit où elles tombèrent jaillirent des buissons de thé – la boisson sacrée du zen. Une autre anecdote en fait l’inventeur d’un style chinois de boxe pour l’éducation physique des moines chétifs de Shaolin, et par là même le fondateur d’une discipline chinoise classique. Mais le plus célèbre des épisodes ayant trait à son séjour à Shaolin concerne le moine Huike [Houei-k’o], qui devait devenir son successeur. L’histoire raconte que Huike attendit dans la neige à l’extérieur de Shaolin pendant des jours et des jours, espérant en vain que Bodhidarma le remarquât ; en désespoir de cause il finit par se couper un bras pour attirer l’attention du maître.


Bodhidharma préconisait la méditation, les sutra et tout l’apparat du bouddhisme traditionnel comme moyen de parvenir dans sa propre nature. Les légendes qui l’entourent présentent le Zen dans sa période de formation, bien avant que des méthodes moins orthodoxes n’aient été imaginées pour faire entrer les disciples dans un nouveau mode de conscience. […]


Les véritables enseignements de Bodhidharma ne sont pas totalement connus. La première information concernant le « barbare aux yeux bleus » (comme l’appelèrent plus tard les Chinois) se trouve dans l’histoire bouddhique chinoise qui a pour titre Biographie de moines éminents et que l’on date de 645, plus d’un siècle après qu’il est venu en Chine. Cette biographie contient également le texte bref d’un essai attribué à Bodhidharma. Au temps où elle fut recueillie, celui-ci n’avait pas été encore consacré premier patriarche du Zen, il était simplement connu comme l’un des moines qui enseignait la méditation. Aussi n’y avait-il aucune raison d’embellir son histoire par un essai apocryphe et c’est la raison pour laquelle la plupart des exégètes pense qu’il est authentique. […] Le texte que laissa Bodhidharma avait pour mission de montrer aux hommes les différentes voies vers l’éveil.


Il y a plusieurs moyens d’entrer dans la voie, mais en résumé il n’y a que deux catégories ; l’une est « l’Entrée par la Raison » et l’autre « l’Entrée par la conduite ».


De manière plus précise, la première de ces voies, l’Entrée par la Raison, pourrait être appelée ‘entrée par la pénétration pure ». Il semble que la voie préconisée soit un mélange de bouddhisme et de taoïsme ; les sutra y sont utilisés comme véhicule pour conduire celui qui cherche d’abord à la méditation, puis vers un état de conscience impossible à décrire dans lequel toute dualité, toute sensation d’un moi différent du monde sont effacées. C’est un résumé précoce et éloquent des objectifs du Zen.

 

Par « Entrée par la Raison » nous voulons parler de la compréhension de l’esprit du bouddhisme à l’aide de l’enseignement des écritures. Nous arrivons alors à avoir une foi profonde dans la « Vraie Nature », qui est une seule et même chose dans tous les êtres doués de sensibilité. La raison pour laquelle elle ne se manifeste pas est due à l’illusion qui enveloppe les objets extérieurs, et les fausses pensées. Lorsque, abandonnant le faux et embrassant le vrai, on se réfugie en parfaite sincérité de pensée dans biguan, on trouve qu’il n’y a ni moi personnel ni rien d’extérieur au moi, que les masses et les individus éminents sont une seule et même essence ; on s’en tient alors fermement à cette croyance et on ne s’en écarte jamais plus. Un tel homme ne sera plus guidé dorénavant par des instructions écrites, car il est en communion silencieuse avec le principe lui-même ; il sera libéré de toute discrimination par voie de concept, car il est plein de sincérité et non agissant.

 

On attribue à Bodhidharma le mérite d’avoir inventé le terme biguan [pi-kuan] dont la traduction littérale est « la contemplation du mur » mais dont la véritable signification est à l’estimation de chacun de nous. On qualifie parfois biguan de métaphore qui exprimerait la confrontation de l’esprit avec la barrière de l’intellect – obstacle que l’on doit finir par sauter si l’on veut atteindre l’éveil. Dans tous les cas ce texte représente une évidente ratification de la méditation en tant que moyen pour apaiser l’esprit tout en abolissant notre impulsion à faire une discrimination entre nous et le monde qui nous entoure. Il insiste sur le fait que l’enseignement écrit ne peut aller que jusque-là et qu’enfin il doit être abandonné en faveur d’une soumission à la pensée intuitive.

 

La seconde voie (ou Dao) qu’il décrivait avait pour nom ‘Entrée par la Conduite » et faisait référence aux origines bouddhiques indiennes de Bodhidharma. La description de la « Conduite » était divisée en quatre sections qui, prises ensemble, étaient destinées à inclure tous les types possibles de la pratique bouddhique.

 

L’ « Entrée par la Conduite » désigne les Quatre Actions dans lesquelles tous les autres actes sont compris. Quelles sont-elles ? 1) Comment répondre à la haine ? 2) Etre obéissant envers le Karma. 3) Ne jamais poursuivre quoi que ce soit. 4) Etre en accord avec le Dharma.

 

Le premier acte de conduite conseillé au croyant est de supporter toutes les épreuves car elles représentent des paiements pour des fautes commises dans des existences antérieures.


Que veut-on dire par : « Comment répondre à la haine » ? Ceux qui se forment sur la Voie doivent penser ainsi quand il leur faut lutter contre des conditions adverses : pendant les innombrables âges du passé, j’ai erré à travers la multiplicité des existences, m’abandonnant constamment à des détails dénués d’importance au détriment de ce qui est essentiel dans la vie, et créant ainsi des occasions infinies de haine, de mauvais vouloir et d’actions mauvaises. Aucune action perfide n’a été commise dans cette vie, mais cependant c’est maintenant que les fruits des fautes du passée doivent être récoltés. Ni les dieux ni les hommes ne peuvent prévoir ce qui m’arrivera. Je me soumettrai avec bonne volonté et patience à tous les maux qui tomberont sur moi, jamais je ne gémirai ni ne me plaindrai. Dans le sutra on dit de ne pas se tourmenter sur les maux qui peuvent nous advenir. Pourquoi ? Parce que par l’intelligence on peut avoir une vue générale [de toute la chaîne des Causes interdépendantes]. Lorsque cette pensée s’élève, on est en accord avec le principe parce qu’on fait de la haine le meilleur usage qu’on puisse en tirer en la faisant servir à sa progression sur la Voie. C’est cela qui est appelé « la façon de répondre à la haine ».


La seconde règle de Conduite est de se réconcilier avec qu’il advient, qu’il s’agisse d’un bien ou d’un mal. Cette règle semble refléter l’attitude taoïste pour laquelle chaque chose est ce qu’elle est, et qu’en conséquence les jugements de valeur sont hors de propos. Lorsque survient le bien, il est le résultat d’actions de mérite dans une existence antérieure et il disparaîtra quand la force du Karma qui en est la cause sera épuisée. Ce qu’il est important de saisir, c’est que rien n’a d’importance, quoi qu’il arrive.


Nous devons savoir que tous les êtres doués de sensibilité sont produits par les effets combinés des conditions karmiques, et en tant que tels il ne peut y avoir de moi en eux. Les fils mêlés du plaisir et de la souffrance sont tous tissés à partir des fils des causes qui imposent des conditions … Laissez donc les gains et les pertes courir leurs courses naturelles selon les conditions et les circonstances toujours changeantes de la vie, car l'Esprit lui-même ne s’accroît pas avec les gains et ni diminue pas avec les pertes. De cette manière aucune tempête d’autosatisfaction ne s’élèvera et votre esprit demeurera en harmonie cachée avec le Dao. C’est dans ce sens que nous devons comprendre la règle d’adaptation aux conditions et aux circonstances variables de la vie.

 

La troisième Règle de Conduite était l’enseignement du Bouddha selon lequel cesser toute recherche et se tourner vers le non-attachement apporte la paix.

 

Toute leur vie, les hommes à travers le monde demeurent non éveillés ; partout nous les voyons liés par leurs désirs et leurs convictions. C’est ce qu’on appelle « l’attachement ». Les sages cependant comprennent la vérité, et leur raison leur dit de se détourner des voies séculières. Ils jouissent de la paix de l’esprit et du parfait détachement. Ils ajustent les mouvements de leurs corps aux revers de fortune, toujours conscients de la vacuité du monde des phénomènes dans lequel ils ne trouvent rien à convoiter, rien dont se réjouir … Tout ce qui a un corps est héritier de souffrance et étranger à la paix. Ayant compris cette vérité, les sages restent détachés de tout ce qui appartient au monde des phénomènes ; leur esprit est libéré des désirs et des besoins insatiables. Les écritures disent : « Toutes les souffrances jaillissent de l’attachement ; la vraie joie naît du détachement. » Connaître clairement la béatitude du détachement est marcher véritablement sur la voie du Dao.


La quatrième Règle de Conduite était de dissiper notre perception des dualités sujet-objet et de regarder la vie comme un tout unifié. C’est cette fusion du moi et du monde extérieur que Bodhidharma appelle esprit pur ou raison pure.

 

Le Dharma n’est rien d’autre que la Raison qui est pure dans son essence. Cette Raison pure est la Forme sans forme de toutes les formes. Elle est au-dessus de la souillure et de l’attachement et elle ne connaît ni « moi » ni « autre ».

 

Après avoir développé cet exposé assez bien tourné du Zen et des idéaux bouddhiques tels qu’ils sont prêtés à Bodhidharma, il nous faut malheureusement ajouter qu’à la seule exception du terme biguan, tout semble avoir été emprunté directement au sutra Vajrasamadhi (attribuer des citations du sutra à des patriarches était alors chose courante). Tout au moins la légende en ce temps-là ne dépeint-elle pas Bodhidharma comme un contemplateur de sutra. Il utilisait en fait un sutra comme véhicule afin de promouvoir sa pratique de contemplation intensive. On ne sait pas quel rôle jouait à cette époque la méditation dans le bouddhisme, mais l’érudit Hu Shih se demande si elle était bien comprise. Les Biographies qui couvraient toute la première période du bouddhisme en Chine depuis le 1er siècle jusqu’en 519, ne contenaient que vingt et un noms de moines pratiquant dhyana sur un total d’environ quatre cent cinquante. Et pratiquement tous ces vingt et un moines étaient cités à cause de leur ascétisme et de leurs pouvoirs miraculeux remarquables. Ceci montre bien que malgré les nombreux manuels de yoga qui étaient en traduction, et en dépit du grand respect que les intellectuels bouddhistes portaient à la doctrine de dhyana, il n’y avait jusqu’à l’an 500 pratiquement aucun bouddhiste chinois qui comprenait véritablement ou pratiquait sérieusement dhyana ou le Zen.

 

En arrivant en Chine en 520 peut-être Bodhidharma eut-il le sentiment qu’il utilisait les mots d’un sutra déjà existant pour faire l’éloge de la méditation, il pourrait mieux susciter l’intérêt des Chinois pour cette forme de Bouddhisme. […] L’enseignement de biguan, contemplation du mur, fut ce qui fit de Bodhidharma le premier patriarche du bouddhisme zen en Chine. » […]

 

La fin de Bodhidharma est également entouré de mystère. Qu’arriva t-il réellement à ce gourou indien voyageur ? Mourut-il empoisonné, comme le dit une légende, ou se rendit-il en Asie centrale comme le rapporte une autre ? Ou encore est-il partie pour le Japon comme une autre histoire le révèle ? La version la plus persistante raconte qu’au bout de neuf années passées au monastère de Shaolin, décidé de retourner en Inde, il convoqua ses disciples afin de tester leur degré de réalisation qu’ils avaient atteint. Le premier disciple dit : « tel que je le comprends, si nous voulons saisir la Vérité, nous ne devons ni faire entièrement confiance aux mots et aux lettres, ni nous en dispenser complètement ; nous devons au contraire les utiliser comme un instrument de la Voie ». A ceci, Bodhidharma répondit : « Tu as atteint ma peau. »
Une nonne s’avança ensuite et dit : « selon moi, la Vérité est semblable à une vision heureuse du Paradis Bouddhique ; on l’aperçoit une fois et la vision ne se reproduit plus jamais. » A cela Bodhidharma répondit : « Tu as atteint ma chair. »
Le troisième disciple dit : « Vides sont les quatre éléments et non existants les cinq skandha (c’est-à-dire les constituants de la personnalité : le corps, les sentiments, la perception, la volonté et la conscience). Il n’y a rien en fait qui puisse être saisi comme réel ». A ceci Bodhidharma dit : « Tu as atteint mes os ».
Ce fut enfin le tour de Huike. Mais il ne fit que s’incliner devant son maître et resta silencieux là où il était. Bodhidharma dit : « Tu as atteint ma moelle. »  […]

 

Qu’y a-t-il de vrai dans la légende de Bodhidharma ? La réponse importe peu. A l’égal de Moïse, si Bodhidharma n’avait pas existé il aurait fallu l’inventer.  […] Il est important de garder à l’esprit que Bodhidharma, homme et mythe, était le produit d’une forme première du Zen. Les maîtres ultérieurs avaient besoin d’un lignage et on lui délégua le rôle de premier patriarche. Le principal problème avec Bodhidharma était que beaucoup de ses idées contredisaient directement les positions adoptées par les enseignements postérieurs du Zen. Souvenez-vous par exemple qu’il prônait la confiance dans un sutra (le Lankavatara) et qu’il mettait fortement l’accent sur la méditation (à laquelle les maîtres zen allaient plus tard se dérober partiellement). […]


Sans doute est-il opportun  de terminer par le texte apocryphe le plus durablement associé à son nom, à savoir la stance que les maîtres ultérieurs lui attribuèrent en prétendant qu’il s’agissait d’un résumé de son enseignement :

 

Une transmission spéciale en dehors des écritures
Aucune dépendance vis-à-vis des mots et des lettres
Se tourner directement vers le seul esprit,
Comtempler sa propre nature.